Je viens vous déposer le 4e pilier de ma saga « heyyyy sigmund ». Vous trouverez ici les 3 précédents :
Article 1 précédent : heyyyy-sigmund-sur-moi-le-trading-fait-ca-t18575.html
Article 2 précédent : heyyyy-sigmund-le-trading-ca-pulse-t18617.html
Article 3 précédent : heyyyy-sigmund-c-est-quand-compulse-la- ... 18739.html
Ce 4e volet est un mémoire sur les addictions (au sens large) que j’ai rédigé lors de mon stage de 4e année de psycho. Il faut donc le replacer dans son contexte : c’est un mémoire de master 1 (il faisait environ une 40aine de pages), et non pas une thèse, qui s’inscrivait sur une base d’entretiens cliniques réalisés en hôpital/CMP, que j’avais écrit il y a environ une douzaine d’années.
Vous rédiger ce présent post m’a été d’une particulière difficulté : comment résumer 40 pages en 1 petit post…..j’aurais pu résumer en quelques lignes l’idée essentielle, mais cela aurait donné la direction privant le chemin de sa substance ; pas impossible mais sans intérêt : cela aurait entrainé un survol de post qui sera vite oublié.
Je me suis dit ensuite que je vais faire quelques coupes franches, mais là encore problème : comment couper, résumer, tout en gardant l’essence principale et sombrer dans le manque de cohérence par excès de coupe… parce qu’il faut bien comprendre qu’il y a une suite cohérente et logique dans le déroulé de mon mémoire.
J’ai donc décidé de garder l’écrit dans son « jus », mais néanmoins en réduisant drastiquement certains passages (ex la 1ère partie sur les caractéristiques des addictions a été bien réduite, car je pense qu’ici ce n’est pas celle qui porte le plus d’intérêt, mais dans la pratique elle était un peu plus conséquente…).
En plus de mon écrit original j’ai de temps à autre rajouté une information complémentaire pour faciliter la compréhension du déroulement (structuré par « NDLR : » suivi de l’explication).
Comme je citais des auteurs avec renvoi des références en bas de pages de mémoire, j’ai copié-collé ces références dans une parenthèse qui suivait la citation.
A la lecture certains passages pourront vous paraitre indigestes voir incompréhensibles (il faut le replacer dans le contexte d’une 4e année de psycho)….et si vous décrochez dès les premiers paragraphes, vous pourrez toujours aller directement à la 4è partie « synthèse et conclusion.
Enfin j’ai retravaillé le plan (sommaire) pour l’adapter à la présente (là encore quelques différences avec l’original).
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1ère partie : Caractéristiques générales : pour mieux comprendre les addictions
I] Qu’est-ce qu’une addiction ?
II] Comprendre les mécanismes
III] Dispositif
.......................A] Hypothèses + B] Présentation de cas
2e partie : « Un sujet « endetté »
I] Une dette à solder
II] La construction subjective liminaire à la problématique addictive
III] L’identification primaire et la dette
IV] Une dette en rapport à l’idéal du Moi et Surmoi
3ème Partie : Un événement remettant en cause le processus de l’addiction
I] Des évènements déclencheurs
I II] A la recherche du « père-du »
......................A- Le père « mort » dans le réel
.....................B - L’impact de l’absence du père
...................................1) La place du père
...................................2) Un père idéalisé servant de modèle
III] Un apport de symbolisation
4ème Partie : Synthèse et conclusion
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1ère partie Caractéristiques générales : pour mieux comprendre les addictions
I] Qu’est-ce qu’une addiction ?
J.L. PEDINIELLI la définie comme une « répétotoon d’actes susceptibles de provoquer du plaisir mais marqués par la dépendance à un objet matériel ou une situation recherché et consommé avec avidité » (PEDINIELLI J., ROUAN G. et BERTAGNE P. « Psychopathologie des addictions », éditions PUF, 1997 p.8).
Selon Goodmann c’est « un processus dans lequel est réalisé un comportement qui peut avoir pour fonction de soulager un malaise intérieur, et qui se caractérise par l’échec répété de son contrôle et sa persistance en dépit de conséquences négatives».
Il décrit ainsi les critères d’inclusions dans le champ des addictions :
a. Impossibilité de résister aux impulsions à réaliser ce type de comportement.
b. Sensation croissante de tension précédant immédiatement le début du comportement.
c. Plaisir ou soulagement pendant sa durée.
d. Sensation de perte de contrôle pendant le comportement.
Le DSM IV (NDLR : c'est l'ancien manuel de diagnostique ) caractérise également les addictions.
II] Comprendre les mécanismes
L’explication des mécanismes de l’addiction varieront selon que l’obédience de leurs auteurs les rattacheront à la biologie, à la psychologie ou encore la sociologie.
Des modèles psychosociaux ont également pris naissance assignant une part importante aux attentes de représentations des contextes sociaux imposés par la société et conduisant à des usages liés à des phénomènes économiques et sociaux.
Ce sont souvent ces phénomènes économiques et sociaux qui peuvent amener de la souffrance sociale conduisant à l’addiction dont la finalité dès lors deviendra un traitement de la souffrance sociale. C’est dans ce sens que certains essayeront de s’enivrer pour lutter contre des difficultés sociales ou anesthésier une souffrance.
III] Dispositif
A] Hypothèses + B] Présentation de cas
(NDLR : présentation de 5 cas)
On constate dans tous ces cas que l’addict met en jeu son corps ; dans chacune de ces addictions, apparaît une contrainte sur le corps.
Dans cet esprit, selon J. Bergeret, l’addiction « reprend une appellation française autrefois utilisée pour décrire la contrainte par corps infligée à des débiteurs qui ne pouvaient parvenir à honorer autrement leur créances » (BERGERET J. « le psychanalyste à l’écoute du toxicomane », collection inconscient et culture p.9)
Cette conception avancée par Bergeret met en opposition des débiteurs et des créanciers. Selon lui, le débiteur serait l’addict qui s’obligerait à l’égard d’un créancier.
Mais de quelle dette est-il question ?
2e partie : « Un sujet « endetté »
I] Une dette à solder
Bergeret dans « le psychanalyste à l’écoute du toxicomane » avait envisagé de voir en l’addiction un abord plus psychanalytique où la dépendance corporelle aurait pour le sujet une valeur de tentative inconsciente de régler une dette et « serait un ultime recours contre le non règlement d’une dette » (Bergeret J., le psychanalyste à l’écoute du toxicomane p.16) ; et pour lui, la clef serait à chercher dans la source de ce sentiment de dette dans le vécu du sujet (Bergeret : « il s’agit de considérer à la suite de quelles carences affectives le sujet dépendant est amené à payer par son corps les engagements non tenus par ailleurs ») (Ibid p.9).
De quelle carence affective parle Bergeret ? La solution serait-elle à rechercher dans cette notion de dette ?
Dans son article sur la dette d’identification (Clit R., La dette d’identification, TOPIQUE 2002/2, N° 79, P.55-66), un chercheur, Radu Clit, argumente qu’il y a une dimension de la dette dans l’identification, et selon cet auteur, dette et identification narcissique aurait des rapports réciproques influençant la formation du surmoi.
Partant sur cette base, les premières investigations ont été conduites du côté de l’identification primaire, après avoir néanmoins reposé les bases de la construction du sujet (puisqu’ont été mis en exergue l’identification narcissique avec la formation du surmoi).
II] La construction subjective liminaire à la problématique addictive
Bergeret argumente que l’addiction « entre dans le cadre des défenses par le comportement utilisées par le Moi du sujet » (BERGERET J., le psychanalyste à l’écoute du toxicomane p.15).
(NDLR : pour synthétiser à ce niveau venait dans mon mémoire un rapide exposé sur les 3 éléments Freudiens et dont il est inutile de revenir ici cf précédents posts « sigmund » sur le ça/moi et surmoi)
La 3ème instance, qui joue par ailleurs un rôle prépondérant, dans la notion d’identification, est le surmoi ; l’apparition du Surmoi est liée notamment à la prise de conscience d’une réalité extérieure (notion importante que je mettrai en corollaire avec la prise de conscience de l’addict face à sa dépendance) et à l’intégration des interdits et recommandations des parents faits à l’enfant (ainsi que toutes normes intériorisées mais provenant de l’extérieur) ; sur ce dernier point on peut noter l’importance du rôle des parents dans la structuration du surmoi durant la petite enfance en particulier celui du père qui représente traditionnellement l’autorité (je reviendrais par la suite dans ma 3ème partie sur cet aspect du rapport au père sur lequel repose un rôle prépondérant dans l’avènement de l’addiction ).
Pour achever l’exposé de ces conceptions on peut également préciser que Freud avait aussi employé la notion d’Idéal du Moi comme faisant partie du Moi ; je développerai cet aspect dans le cadre de l’addiction plus après dans ma problématique.
Les fondements étant posés, nous pouvons maintenant les articuler dans une relation entre l’identification et la dette.
III] L’identification primaire et la dette
Les parents restent le modèle c'est-à-dire la source de l’identification primaire de l’enfant celle-ci lui permettant de se construire en tant que sujet. C’est le rapport entre les parents et l’enfant qui justifie l’idée d’une dette d’identification, l’enfant étant redevable à ses parents de cette identification primaire.
Freud, dans « psychologie des masses et analyse du moi » définit l’identification primaire comme étant « la manifestation la plus précoce d’une liaison de sentiments à une autre personne ».
Si à l’origine de l’identité primaire on situe très souvent la mère qui permettrait que le narcissisme émerge, ne pourrait -on pas envisager une nuance de dette se présentant dans une relation avec le père ?
Effectivement, de manière générale, c’est la mère en tant que donneuse de soin qui par sa présence à le plus de chance de jouer le rôle de modèle pour son enfant, mais on pourrait également envisager le père pour jouer ce rôle, qui par ailleurs n’est bien souvent que symbolique.
Lacan disait lui-même dans le séminaire qui portait sur les formations de l’inconscient (1957-1958) : « la fonction du père dans le complexe d’oedipe est d’être un signifiant substitué au premier signifiant introduit dans la symbolisation, le signifiant maternel »
Statuer plutôt sur l’un ou l’autre des parents est difficile, certains auteurs argumentant qu’il serait plus simple d’accepter l’idée que pour le petit enfant compte au début une imago parentale combinée.
On peut illustrer cela par 2 exemples : d’une part pour M. Bydlowski dans sa conception de la dette de vie (BYDLOWSKI Monique, « La dette de vie», édition PUF, mars 2000) il y aurait une dette par rapport à la mère originaire, modèle de l’identification primaire et source de l’existence du sujet ; de manière quelque peu symétrique, dans « l’homme aux rats » (FREUD S. « cinq psychanalyses », editions l’homme aux rats p 199-261) Freud semble mettre en avant une dette à l’égard du père.
On voit bien au travers de ces 2 exemples l’importance de l’identification à l’un des parents : <=> pour Bydlowski du côté de la femme c’est l’identification à la mère originaire qui doit prendre le devant.
<=> Chez l’homme aux rats, c’est l’échec partiel de son identification au père qui pose le problème de la dette, même si Freud n’emploie pas directement le mot « dette ». Du fait notamment d’un sentiment de culpabilité vis-à-vis de son père, l’homme aux rats a du mal à être lui-même car il voudrait trop être comme son père.
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Mais néanmoins on constate dans tous nos exemples énoncés au cours de la 1ère partie (NDLR : présentation de cas) une problématique liée au père, et je prendrai la position d’analyser cet aspect dans la 3ème partie de ce mémoire.
IV] Une dette en rapport à l’idéal du Moi et Surmoi
Le lien entre la dette et l’identification primaire renvoie également si on suit Freud, au père de la préhistoire personnelle ; Freud invoque l’idéal du moi derrière lequel se cache « la première et la plus significative identification de l’individu, celle avec le père de la préhistoire personnelle ». Selon lui, cette identification est directe et immédiate et plus précoce que tout investissement d’objet (Freud S., œuvre complètes psychanalyse Tome XVI 1921-1923, Puf , p..275).
Ce père incarnerait l’idéal du moi, lui-même dans une sorte de continuité avec le surmoi. Le développement du surmoi, dépend notamment du complexe oedipien, mais surtout comme le dit Freud à la page 297 (Ibid p.297) que « le surmoi est en effet apparu par une identification avec le modèle paternel »
D’un autre côté, l’identification primaire, a de toute façon une dimension idéalisante et en cas d’incident en lien avec cette dimension idéalisante au cours de la construction de l’enfant, à quel qu’âge que cela soit, cela pourrait être originaire d’une problématique par la suite au cours de sa maturation vers l’âge adulte.
Si l’on examine nos cas cliniques (NDLR : « présentation de cas »), ceux dont nous connaissons l’histoire, le lien au père peut attirer notre attention.
Et si l’on constate effectivement dans chacune de ces histoires un incident en lien avec ce père, ne pourrait -on pas penser que la survenance de l’évènement remettant en question l’addiction, puisse avoir un lien avec ce rapport paternel ?
3ème Partie : Un événement remettant en cause le processus de l’addiction
I] Des évènements déclencheurs
Il y a un facteur extérieur au sujet qui va générer une prise de conscience qui bouleversera son rapport à sa dépendance).
Nous avons constaté au travers des cas cliniques rencontrés un lien entre l’événement et la notion de père et plus particulièrement le rôle de père (qui devait être là et protecteur des enfants).
Il convient d’interroger cette notion de père et d’analyser en quoi l’évènement déclencheur a une résonance pour le sujet, et dans son histoire ; c’est ce que nous ferons ci-après.
II] A la recherche du « père-du »
Freud dans « malaise et civilisation » qui décrit au sujet de « l’état infantile de dépendance absolue » la « nostalgie du père que suscite cet état, me semble irréfutable../.. je ne saurais trouver un autre besoin d’origine infantile aussi fort que celui de protection par le père » (Freud S., « Malaise dans la civilisation », éditions PUF 1971 - P11)
..............A - Le père « mort » dans le réel
Il faut prendre cette notion de père mort sur le plan métaphorique, c'est-à-dire dans le sens d’une disparition du père de la vie du sujet, quel qu’en soit le motif.
Comme nous en avions fait état dans notre 2nde partie sur la notion de dette, même si l’on prend pour acquis l’importance de la dualité parentale dans la construction de l’enfant et le primat nourricier de la mère, force est de constater que dans tous nos cas, objets de notre étude, nous remarquons qu’à un moment de leur vie intervient une disparition réelle du père, et qui matérialisera par la suite une absence.
.............B - L’impact de l’absence du père
On constate dans toutes les histoires qu’à un moment donné de leur vie il y a eu absence du père.
P.L. ASSOUN, citant Lacan, articule le père autour de 3 notions : le père réel, le père imaginaire et le père symbolique et précise « un moment important et au fond inévitable est celui où la catégorie du père et la trilogie fondatrice s’articule ». (ASSOUN P.L. « Lacan », collection que sais-je, PUF (2003), p.5)
On voit bien l’importance du rôle que peut avoir le père dans la vie du jeune enfant. Le père imaginaire est celui qui est « imaginé » dans l’identification primaire, puis fantasmé au sortir de l’oedipe comme le père tout puissant (c’est un agent de privation) ; le père réel, géniteur, est l’agent de la castration et soutient la fonction symbolique et peut ainsi faire fonction de père.
Catherine Couvreur dans « le père et l’absence » fait référence à un père idéalisé dont la fonction essentielle sera de servir de support aux instances moïques idéales et au surmoi post oedipien (Couvreur C. « Psychiatrie Francaise » Revue trimestrielle N°3/2005 « Père qui es-tu –vol XXXVI 3/05, Avril 2006, - Deuxième partie : le père et l’absence p. 88)
...........................................1) La place du père
Il résulte de tout cela que 2 approches de la fonction du père peuvent être mises en avant, l’une au cours de la construction subjective de l’enfant et sa maturation au travers de celui qui est imaginé dans l’identification primaire et qui mène à l’oedipe, et l’autre qui sera plus axé sur l’idéal du moi, en direction d’un père idéalisé qui servira de support post- oedipien.
En ce qui concerne le 1er axe relatif à la construction oedipienne, Joël DOR nous précise que « l’édification du père symbolique à partir du père réel, constitue la dynamique même qui règle le cours de la dialectique oedipienne et, avec elle toutes les conséquences psychiques qui en dépendent » (DOR J, « introduction à la lecture de Lacan, édition Denoel (1985) p.41).
Selon Joël DOR il y aurait une problématique paternelle à entendre comme la succession logique des « investissements différents dont la figure paternelle fait l’objet » (Ibid p.42).
Lacan dans « les formations de l’inconscient » fixe l’origine de la problématique paternelle dans le complexe d’oedipe, notamment en articulant la notion de père à celle du complexe d’oedipe. Mais si Lacan précise que les difficultés du sujet ne sont pas forcément dû à une absence du père lors de la traversée de l’oedipe, il va les situer, à contrario, sur des aléas de la présence du père et plus particulièrement sur le plan de la carence affective. (Il précise néanmoins que le statut du père est structuralement impliqué dans le complexe d’oedipe : « le père n’est pas un objet réel, alors qu’est-ce qu’il est ? ./. Le père est une métaphore ./. c’est un signifiant qui vient à la place d’un autre signifiant. Et là est le ressort et l’unique ressort essentiel du père en tant qu’il intervient dans le complexe d’oedipe ».)
Nous pouvons donc en déduire que d’une part le développement de l’enfant requiert une instance symbolique de la fonction paternelle sans pour autant exiger la présence nécessaire du père réel, et que d’autre part la carence du père symbolique n’est pas coextensive à la carence du père réel.
Cette notion de carence du père nous permet d’avoir un éclairement nouveau et complémentaire à la notion de Bergeret, vue en supra, de « carences affectives » qui amenaient le sujet dépendant à payer par son corps les engagements non tenus par ailleurs.
Dès lors la prépondérance de la carence du père nous semble pouvoir être acquis comme pouvant être l’une des explications à la base de la problématique addictive.
Mais, à mon sens, et pour une part importante, une autre voie postérieure à la construction oedipienne, et à rechercher toujours dans les carences affectives, sollicite notre attention.
Ne pourrait t’il pas y avoir un rapport de l’idéal du moi, voir du Moi idéal avec une carence affective ?
Dans cet esprit je souhaiterais porter l’attention sur la 2nde orientation énoncée précédemment et concernant le père idéalisé dans une période post-oedipienne.
.......................................... 2) Un père idéalisé servant de modèle
En ce qui concerne l’idéal du moi, dont le noyau s'est formé dans l'enfance, par identification aux personnes aimées et admirées, nous pouvons envisager qu’il permette à l’enfant de se construire, grandir en utilisant comme repère ce père idéalisé.
Dans un regard psychologique on pourra dire que l'Idéal du Moi, c'est l'identification à un modèle que l'enfant aimerait égaler. De là on pourrait penser que le petit garçon cherchera à égaler ce père qu’il modélise, au moins dans son imaginaire.
Le petit enfant s’identifie à son père, l’admire, et l’utilisera comme modèle. Mais alors que ce père idéalisé lui servira de repère pour sa propre maturation, comment vivra-t-il une absence subite de ce père ?
III] Un apport de symbolisation
La symbolisation désigne la capacité à développer des représentations.
Si l’on remonte à la genèse de la construction de la subjectivité on sait que c’est la mère qui participe à la constitution de la symbolisation chez l’enfant et c’est elle qui en permettra l’intégration de cette symbolisation, faculté qui une fois acquise permettra à l’enfant tout au long de sa vie de faire sens aux difficultés qu’il rencontre pour pouvoir les intégrer.
Or on remarque dans nos exemples que l’addict est souvent confronté à une absence brutale dont il ne peut pas faire sens.
Ce manque de sens entraîne un deuil impossible à faire qui génère bien souvent une tentative à maintenir un lien avec le « père-dû » (perdu) dans l’addiction.
L’évènement déclencheur vient amener quelque chose : l’évènement déclencheur apporte une signification, une représentation, et dans cet esprit, il vient donner du sens à ce qui n’avait pu être expliqué.
On peut donc dire que l’évènement déclencheur fait office de symbole venant donner du sens.
Cet évènement déclencheur permet de remplir un vide de sens à l’image de « l’évènement écran » de Marie Claude Lambotte dans son livre « le discours mélancolique » qui remplit un vide de représentations chez le mélancolique.
Et en quelque sorte, comme le dit Paul- Laurent « le symbole se donne comme le meurtre de la chose » (Paul Laurent, « Lacan », collection que sais-je, PUF (2003), p.51).
4ème Partie : Synthèse et conclusion
On aura constaté qu’au début de sa vie, un sujet, aura constitué une dette (d’identification) à l’égard de ses parents. Le tracé d’une dette veut qu’on rende à son créancier son dû.
Dès lors, l’enfant bénéficiera d’un lien à son père selon une double orientation. La 1ère consistera en un lien précoce, similaire de celui d’avec la mère, en tant que « père de la préhistoire personnelle» ; et c’est dans la carence affective dans ce 1er lien au père que l’on pourra retrouver des motifs d’addiction une fois parvenu à l’âge adulte.
Mais j’ai souhaité également envisager une autre hypothèse, la 2nde orientation, selon laquelle nous pourrions trouver une cause addictive dans une période post-oedipienne, au moment où le petit enfant se construit sur la base d’un modèle : son père.
Mais au moment où ce père disparaîtra de sa sphère proche, l’enfant vit brutalement cette absence et ne pourra l’expliquer ; il ne pourra donner de sens à l’absence de celui qu’il idéalise, qu’il utilise comme fantasme de ressemblance (donc éventuellement par l’imaginaire), comme modèle ce qui constituera ainsi également une carence.
Cette incompréhension sera mise de côté, l’enfant cherchant à continuer sa maturation par d’autres voies.
Mais un jour devenu adulte, l’addict essayera de régler sa dette par son corps ; c’est à ce moment qu’il sera rattrapé par cette absence paternelle ayant créé une carence.
Et c’est au travers de l’addiction qu’il recherchera la solution d’un deuil non fait en raison d’une absence de sens, ou plutôt devrions-nous décrire cela comme un deuil impossible.
Ceci jusqu’au moment où surviendra un évènement déclencheur qui permettra de mettre de l’ordre dans tout cela.
Cet évènement déclencheur apportera à l’addict une prise de conscience. Il lui permettra d’apporter du sens d’une manière indirecte à ce qui n’avait pas été compris.
De ce fait l’évènement déclencheur pourra être considéré en quelque sorte comme un symbole indirect. Indirect parce qu’il n’explique pas directement le non-sens, mais par une voie détournée parvient à y mettre de l’ordre, ou tout au moins tente de mettre de l’ordre là ou quelque chose avait raté : l’addiction.
Pour tout cela l’évènement déclencheur fait office, à mon sens, de processus de symbolisation venant donner du sens pour l’enfant devenu adulte.
Ou plutôt devrions-nous dire que l’évènement déclencheur serait un contenant « symboligène » ?