Luxe et frime : quand les villas de la Côte d’Émeraude se paraient de mosaïque Odorico
Bassins, décors, salles de bains… Dans la première moitié du XXe siècle, le développement des stations balnéaires et l’art-déco donnent aux plus aisés des envies de villas qui recèlent encore des trésors.
Étables-sur-Mer, la Villa Caruhel avec de magnifiques mosaïques Odorico : raies, étoiles de mer et crabes jonchent le sol et les murs de cette villa avec vue sur la baie de Saint-Brieuc.
La plupart se trouve entre Saint-Malo et Dinard, sur les hauteurs, avec vue imprenable sur la mer. « C’était de l’apparat, il fallait afficher sa réussite sociale avec une villa de villégiature dans laquelle on recevait », rappelle Capucine Lemaitre, docteure en Histoire de l’Art à l’université Rennes 2 et autrice d’Odorico, une histoire d’eau.
Et attention les yeux, on était là pour frimer dans les – nombreuses – soirées : fontaines et immenses bassins vue mer (pas pour s’y baigner, juste pour le plaisir des yeux) sont recouverts de mosaïques Odorico aux tons bleus.
Détail méduse, dans une salle de bains décorée par Odorico.
Les salles de bains, incroyablement modernes pour l’époque, possèdent une douche mais aussi une baignoire, prévue pour se détendre, à laquelle on accède par une petite marche. « À cette époque, les salles de bains sont des pièces à part entière, comme on trouve en Italie, d’où la famille Odorico est originaire, et où on passe du temps, on se détend », résume Capucine Lemaitre.
En deux mots : luxe et confort
Là encore, tout est signé du mosaïste rennais de renom Odorico. Ces milliers de petits carreaux colorés qui forment différents motifs et vaguelettes qui s’entrelacent, ornent la pièce du sol au plafond, brillants, dorés, hypnotisant. Et « comme la mosaïque est un matériau très solide, beaucoup sont encore en usage », relève l’historienne.
Bassin du château de Rou-Marson.
Les intérieurs comme les terrasses de certaines villas en sont également parés, version coquillages et crustacés, mais aussi, selon les goûts des propriétaires d’alors, de subtiles représentations de poissons ou encore de méduses, qu’Isidore Odorico a scrupuleusement adapté des carnets de dessin de son ami, l’artiste Mathurin Meheut.
La salle de bains personnelle d’Isidore Odorico.
L’une des plus belles est la villa Le Petit Caruhel, à Etables-sur-Mer dans les Côtes d’Armor. Dont la terrasse surplombant la baie est couverte d’animaux marins et d’étoiles de mer. Mais la palme de l’œuvre la plus incroyable n’est pas sur la côte d’Emeraude, mais dans le Maine-et-Loire, au château de Rou-Marson, un « Petit Versailles » dans la campagne Angevine.
Un « petit Versailles »
Cette piscine privée Futures l’édifice le plus impressionnant décoré par Odorico : un immense bassin, entouré de douze colonnes, « dans l’esprit des villas Toscanes ». Les frises bleues, vertes et dorées à la lisière de l’eau se reflètent dedans comme un enchantement. Mais ce lieu, comme les villas malouines, étant privé, il faut se contenter des sublimes mais nombreuses photos du livre Odorico, une histoire d’eau…
La piscine du château de Rou-Marson, dans le Maine-et-Loire, est l’une des réalisations les plus spectaculaires de la maison Odorico (années 1930).