Pour produire cette pièce fascinante, il utilise du marbre blanc extrait des carrières de Carrare en Toscane. Ce matériau noble, connu depuis l’antiquité, est d’une grande pureté mais c’est aussi l’un des plus durs de la planète. Seuls les très grands artistes sont capables de le travailler pour en faire un voile fluide habillant un personnage.
Artiste néo-classique, influencé par le romantisme, Strazza s’inspire des vestales et des déesses de l’antiquité pour donner un nouveau visage à la Vierge Marie. Avec ses yeux fermés et sa tête inclinée, elle semble prier paisiblement ou exprimer son chagrin. Cette statue voilée n’est cependant pas qu’une simple représentation religieuse de la Vierge. Pour comprendre la pleine signification du voile il faut se replacer dans le contexte historique de l’époque, celle de l’unification en cours de l’Italie (le Risorgimento). Le voile est alors l’allégorie utilisée par les artistes italiens pour symboliser le pays unifié, un peu comme Britannia symbolisait l'Angleterre ou Lady Liberty symbolisait les États-Unis.
Avec son voile à l’apparence d’une incroyable légèreté, Strazza ajoute donc un symbole nationaliste à l’iconographie catholique.
Cette statue suscite rapidement un engouement international, sans doute à cause de cette ambivalence entre sérénité et sensualité mais aussi pour son message caché. Au strict plan artistique, s’il existe de nombreuses autres sculptures au drapé similaire, aucune ne semble atteindre ce degré de perfection qui en fait un chef-d’œuvre dans l’histoire de la sculpture.