Cette semaine, je vais tenter de sortir de ma zone de confort en vulgarisant des courants philosophiques tout en essayant de dresser des parallèles avec le trading. Il se peut que par soucis de vulgarisation ou de mauvaise interprétation de ma part, je puisse faire des erreurs. Mon but n’est évidemment pas de travestir la pensée des auteurs et je serais plus que ravi d’en discuter avec vous afin que l’on puisse s’enrichir mutuellement.
Hier, nous avons abordé la pensée philosophique de Nietzsche, aujourd’hui nous parlerons du Stoïcisme.
Ce courant de pensée met un point d’honneur à différencier ce qui dépend de nous de ce qui ne dépend pas de nous. En d’autres termes, on peut voir cela comme une dichotomie entre ce qui fait partie de notre responsabilité, et ce qui n’est pas notre faute. Je suis responsable de mon comportement, de mes actes. Mais il ne dépend pas de moi, d’être grand ou beau par exemple.
D’après les stoïciens on ne devrait pas être affecté par ce qui ne dépend pas de nous, puisque par définition, nous n’avons pas d’emprise dessus.
Pour illustrer, si un matin, en partant au travail, on remarque que quelqu’un a déposé un enfant sur le pas de la porte, cela n’est pas notre faute. Cependant, cela devient de notre responsabilité. En effet, cela va contrarier nos plans, notre journée, il va falloir s’occuper de cet enfant et en prendre soin.
C’est alors en comprenant que c’est de notre responsabilité qu’il est possible de l’accepter, et c’est en l’acceptant qu’il est possible d’être heureux. Puisque reconnaître sa responsabilité permet de comprendre que nous avons un impact sur la situation. Il est alors dans notre capacité de modifier cette situation afin de la rendre satisfaisante. Ainsi, il est totalement inutile de s’apitoyer sur son sort, de s’énerver. Cela ne change rien à la situation, cela ne va pas en faire disparaître les causes.
Les stoïciens mettent en avant la nécessité de maîtriser ses émotions, car nous en sommes responsables.
Par exemple, si je suis jaloux de mon voisin, car il a fait construire une magnifique piscine carrelée par Baechler, cela n’est dû qu’à une projection de mon esprit. En l’absence de voisin, ou s’il n’avait pas quelque chose que je ne possède pas, je ne ressentirai pas cette jalousie. La responsabilité de cette émotion, cette jalousie, n’est donc imputable qu’à moi.
Pour les Stoïciens, cette manière de pensée est erroné. Si on est en colère, c’est car on est incapable de se maitriser, de maitriser ses émotions. Le « chauffard » n’est alors qu’une excuse pour se cacher derrière notre incapacité à maitriser nos émotions.Je ne suis pas d’accord avec cela. Si par exemple on me fait une queue de poisson sur l’autoroute, et que cela me met en colère. Cette colère ne dépend pas de moi, mais de ce chauffard qui ne sait pas conduire !
D’ailleurs, les émotions en soit sont des aberrations logiques, puisqu’elles ne résolvent jamais les problèmes qui en sont la cause. Ces émotions nous rendent esclave, car nous ne choisissons pas de les avoir. En outre, nous les subissons, car avec le prisme de nos émotions nous ne voyons plus la réalité de manière lucide. Ainsi, il est indispensable de faire l’effort de les maitriser."C’est la marque d’un petit esprit de s’en prendre à autrui lorsqu’il échoue dans ce qu’il a entrepris ; celui qui exerce sur soi un travail spirituel s’en prendra à soi-même ; celui qui achèvera ce travail ne s’en prendra ni à soi ni aux autres" Epictète
Les Stoïciens estime d’ailleurs que le bonheur n’est pas lié à la satisfaction des désirs, c’est même l’inverse, car nos désirs ne dépendent pas de nous, ils ne sont pas de notre responsabilité. Le désir se traduit par un manque d’un objet extérieur, je désir ce que je n’ai pas. En désirant, je prouve que mon bonheur dépend de cet objet et donc qu’il ne dépend pas de moi. Or, le bonheur dépend bien de nous.
En fumant une cigarette, à la suite d’une envie pressante de m’en griller une, je n’assouvi pas réellement ce désir. Puisque peu de temps après, ce désir se fera à nouveau sentir. Fumer cette cigarette ne me rend donc pas heureux, elle est juste là pour combler un manque. Ainsi, le véritable bonheur, c’est de ne plus dépendre de ses désirs. Le bonheur, c’est de ne plus désirer. Le bonheur, c'est d'être libre.
Pour résumer, le stoïcisme prône un appel à l’humilité, il ne faut pas se laisser aliéner par ses émotions lorsque cela ne dépend pas de nous. Au contraire, il convient d’agir sur ce qui dépend de nous, sur ce qui est de l'ordre de notre responsabilité, afin de parvenir au bonheur.
Pour faire le parallèle avec le trading, il convient de museler ses émotions afin de rester lucide et d’être capable d’observer de manière objective les graphiques. Or, tout ceux ayant tradés en réel savent à quel point le trading fait surgir des émotions. C’est ainsi un travail, une discipline quotidienne pour s’en émanciper.
En outre, notre réussite dans le trading va dépendre de notre capacité à mettre notre égo de côté. Si je perds de l’argent, ce n’est pas la faute des marchés, mais bien de ma responsabilité, il faut donc que je travaille sur mes lacunes pour pouvoir m’en affranchir.
Enfin, c’est en se débarrassant de ses désirs monétaires qu’il sera par exemple possible de se libérer de la pression que l’on se met et par extension de la peur du manque, source importante de perte.
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