Je me permets de vous faire part des pistes de réflexion liées au film « Deux jours à tuer » de Jean Becker avec Albert Dupontel. C’est un film que j’ai vu plusieurs fois et qui m’a permis de me poser beaucoup de questions.
Pour ceux qui n’ont pas vu le film, je vous conseille très fortement d’aller le voir. Il est disponible sur Netflix. A partir d’ici, il y aura des spoilers du film. Donc je vous invite à ne pas continuer si vous souhaiter vous préserver pour la découverte du film. Après l’avoir vu, il est impossible que vous ne preniez pas une claque, et cette file sera sans doute un excellent endroit pour extérioriser et discuter de ce film
===Spoilers===
Antoine en apprenant son cancer, et donc sa mort proche, a décidé de se faire détester par tout ses proches. Il fait croire à sa femme qu’il l’a trompé. Il dit des vérités blessante et se comporte atrocement auprès de ses amis. Il est méchant avec ses propres enfant, les humiliant sur les cadeaux qu’ils leur ont fait pour son anniversaire. Sans doute pour réduire la peine que sa mort allait causer à ces derniers, de manière bienveillante. Puis il est allé voir son père, afin sans doute d’apaiser sa conscience et sa frustration lié à sa relation compliquée avec lui.
Dans un premier temps, j’ai trouvé ça super beau. J’ai trouvé que sa manière de finir sa vie était parfaite. Aller voir son père pour régler enfin ses différents avec lui, le comprendre, ses raisons derrières les décisions qu’Antoine a mal vécues. Pour lui annoncer, à lui en premier, celui qui lui a donné la vie, qu’elle arrivait à son terme. J’ai aussi adoré sa manière de présenter cela à ses proches. De vouloir qu’ils le haïssent pour réduire la peine dû à cette fatalité. En effet, en réduisant leur amour pour lui, par son comportement, feint, mais abominable, il réduit par ricochet la peine, la douleur, que sa mort va leur causer. J’ai trouvé ça hyper altruiste, il a pris sur lui pour les autres. Un sacrifice héroïque !
Et puis, je me suis interrogé très longuement. Et si finalement, ce n’était pas si bienveillant de sa part. Et si au final, ce n’était pas la preuve de son égoïsme absolu ?
Je me suis mis à la place des autres personnages. Comment je l’aurais pris, si j’avais été sa femme ? Si on m’apprenait que mon mari m’avait menti, pour passer pour le dernier Schtroumpf fini en espérant réduire la peine liée à sa mort ? D’abord, à chaud, je ne l’aurais pas détesté, j’aurais trouvé cela super touchant de sa part, cela aurait été une preuve totale de son amour. J’aurais trouvé ça beau, et ça m’aurait rendu encore plus triste de perdre quelqu’un d’aussi exceptionnel. Cela aurait eu totalement l’effet inverse qu’Antoine escomptait. Puis, à froid, j’aurais été furieuse. Il ne m’a pas laissé lui dire adieu de manière adéquate, je n’ai pas pu profiter de nos derniers instants ensemble. Que dire de ses propres enfants, ou de ses amis ? Eux aussi méritaient mieux.
Dans son livre, The denial of death, Ernest Becker, prix Pulitzer 1974, interroge sur notre relation à la mort. Pour lui, tout ce que l’on entreprend vise à ce qu’une partie de nous survive à notre mort, dans le but d’y échapper d’une certaine manière. On essayerait de faire survivre notre Ego, notre vision idéalisée de nous-même, à travers le temps et ce malgré notre mort physique. Cela nous permettrait ainsi de renier notre propre mort. De ne plus avoir à affronter cette terrible fatalité.
Si l’on fait un enfant, c’est pour qu’une partie de nous survive à travers lui, à travers nos gênes mais aussi l’éducation que l’on lui a apportée. Les professeurs font leur métier afin de transmettre leur savoir, leurs idées, leur vision du monde et ainsi qu‘une partie d’eux survive à travers leurs élèves. Les sportifs tentent de battre des records pour que l’on se rappelle d’eux dans ce même but. Chaque personne à sa manière propre de faire, mais c’est ce que tout le monde recherche en soi. La perpétuation de notre espèce est notre but ultime, tout comme l’est la perpétuation de notre propre existence.
Ainsi, est-ce qu’au final, Antoine n’a pas cherché, inconsciemment, à marquer davantage ses proches dans la théâtralisation de sa propre mort ? Et par conséquent, cherché à marquer davantage son empreinte sur leur vie, lui permettant, in fine, d’ancrer sa survie à travers leurs mémoires. Et de ce fait, son égoïsme ne lui a-t-il pas coûter de profiter de ces derniers instants de vie avec les personnes qui lui était le plus cher ?
Cela me renvoie à ma propre mort. Si dans un premier temps je me suis dis que ce qu’avait fait Antoine était d’une poésie incroyable, la réalité m’est revenu rapidement me gifler en pleine face. Ainsi, comment « réussir » sa mort, si cela est toutefois possible ?
« Quand on a raté sa vie, il faut au moins essayer de réussir sa mort »
-Frederic Beigbeder dans Nouvelles sous ecstasy
Et si, ce n’était pas de simplement de passer ses derniers instants à dire au revoir à ses proches ?
Si je poste cela ici, sur un forum de trading, c’est justement parce que ce film aborde la question de notre propre mortalité. Je trouve que c’est un excellent parallèle, puisque comme Benoist a déjà développé à plusieurs reprise, le trading est un moyen de tester son rapport à la mort.
Je ne pense pas avoir résolu mes questionnements et j’aimerais donc recueillir vos avis afin de m’aider dans cette introspection. Etant un sujet très sensible, faisant rapidement appel à nos reflexes émotionnels, j’aimerais que cette file reste cependant respectueuse. Toutefois, je trouve la qualité des échanges très élevés sur ce forum et je suis donc certain que les membres qui participent sont intelligent et bienveillant.
Pour ceux qui n’ont pas vu le film, je vous conseille très fortement d’aller le voir. Il est disponible sur Netflix. A partir d’ici, il y aura des spoilers du film. Donc je vous invite à ne pas continuer si vous souhaiter vous préserver pour la découverte du film. Après l’avoir vu, il est impossible que vous ne preniez pas une claque, et cette file sera sans doute un excellent endroit pour extérioriser et discuter de ce film
===Spoilers===
Antoine en apprenant son cancer, et donc sa mort proche, a décidé de se faire détester par tout ses proches. Il fait croire à sa femme qu’il l’a trompé. Il dit des vérités blessante et se comporte atrocement auprès de ses amis. Il est méchant avec ses propres enfant, les humiliant sur les cadeaux qu’ils leur ont fait pour son anniversaire. Sans doute pour réduire la peine que sa mort allait causer à ces derniers, de manière bienveillante. Puis il est allé voir son père, afin sans doute d’apaiser sa conscience et sa frustration lié à sa relation compliquée avec lui.
Dans un premier temps, j’ai trouvé ça super beau. J’ai trouvé que sa manière de finir sa vie était parfaite. Aller voir son père pour régler enfin ses différents avec lui, le comprendre, ses raisons derrières les décisions qu’Antoine a mal vécues. Pour lui annoncer, à lui en premier, celui qui lui a donné la vie, qu’elle arrivait à son terme. J’ai aussi adoré sa manière de présenter cela à ses proches. De vouloir qu’ils le haïssent pour réduire la peine dû à cette fatalité. En effet, en réduisant leur amour pour lui, par son comportement, feint, mais abominable, il réduit par ricochet la peine, la douleur, que sa mort va leur causer. J’ai trouvé ça hyper altruiste, il a pris sur lui pour les autres. Un sacrifice héroïque !
Et puis, je me suis interrogé très longuement. Et si finalement, ce n’était pas si bienveillant de sa part. Et si au final, ce n’était pas la preuve de son égoïsme absolu ?
Je me suis mis à la place des autres personnages. Comment je l’aurais pris, si j’avais été sa femme ? Si on m’apprenait que mon mari m’avait menti, pour passer pour le dernier Schtroumpf fini en espérant réduire la peine liée à sa mort ? D’abord, à chaud, je ne l’aurais pas détesté, j’aurais trouvé cela super touchant de sa part, cela aurait été une preuve totale de son amour. J’aurais trouvé ça beau, et ça m’aurait rendu encore plus triste de perdre quelqu’un d’aussi exceptionnel. Cela aurait eu totalement l’effet inverse qu’Antoine escomptait. Puis, à froid, j’aurais été furieuse. Il ne m’a pas laissé lui dire adieu de manière adéquate, je n’ai pas pu profiter de nos derniers instants ensemble. Que dire de ses propres enfants, ou de ses amis ? Eux aussi méritaient mieux.
Dans son livre, The denial of death, Ernest Becker, prix Pulitzer 1974, interroge sur notre relation à la mort. Pour lui, tout ce que l’on entreprend vise à ce qu’une partie de nous survive à notre mort, dans le but d’y échapper d’une certaine manière. On essayerait de faire survivre notre Ego, notre vision idéalisée de nous-même, à travers le temps et ce malgré notre mort physique. Cela nous permettrait ainsi de renier notre propre mort. De ne plus avoir à affronter cette terrible fatalité.
Si l’on fait un enfant, c’est pour qu’une partie de nous survive à travers lui, à travers nos gênes mais aussi l’éducation que l’on lui a apportée. Les professeurs font leur métier afin de transmettre leur savoir, leurs idées, leur vision du monde et ainsi qu‘une partie d’eux survive à travers leurs élèves. Les sportifs tentent de battre des records pour que l’on se rappelle d’eux dans ce même but. Chaque personne à sa manière propre de faire, mais c’est ce que tout le monde recherche en soi. La perpétuation de notre espèce est notre but ultime, tout comme l’est la perpétuation de notre propre existence.
Ainsi, est-ce qu’au final, Antoine n’a pas cherché, inconsciemment, à marquer davantage ses proches dans la théâtralisation de sa propre mort ? Et par conséquent, cherché à marquer davantage son empreinte sur leur vie, lui permettant, in fine, d’ancrer sa survie à travers leurs mémoires. Et de ce fait, son égoïsme ne lui a-t-il pas coûter de profiter de ces derniers instants de vie avec les personnes qui lui était le plus cher ?
Cela me renvoie à ma propre mort. Si dans un premier temps je me suis dis que ce qu’avait fait Antoine était d’une poésie incroyable, la réalité m’est revenu rapidement me gifler en pleine face. Ainsi, comment « réussir » sa mort, si cela est toutefois possible ?
« Quand on a raté sa vie, il faut au moins essayer de réussir sa mort »
-Frederic Beigbeder dans Nouvelles sous ecstasy
Et si, ce n’était pas de simplement de passer ses derniers instants à dire au revoir à ses proches ?
Si je poste cela ici, sur un forum de trading, c’est justement parce que ce film aborde la question de notre propre mortalité. Je trouve que c’est un excellent parallèle, puisque comme Benoist a déjà développé à plusieurs reprise, le trading est un moyen de tester son rapport à la mort.
Je ne pense pas avoir résolu mes questionnements et j’aimerais donc recueillir vos avis afin de m’aider dans cette introspection. Etant un sujet très sensible, faisant rapidement appel à nos reflexes émotionnels, j’aimerais que cette file reste cependant respectueuse. Toutefois, je trouve la qualité des échanges très élevés sur ce forum et je suis donc certain que les membres qui participent sont intelligent et bienveillant.