Elle y trouve, pliée dans la notice, une missive manuscrite en chinois, titrée de trois caractères latins éloquents ("SOS").
Traduite et expertisée, la lettre révèle un stupéfiant contenu : "Chers amis, savez-vous que derrière votre vie tranquille il y a des prisonniers chinois qui travaillent dans les prisons de Tianjin douze à quinze heures par jour sans manger ?"
Incarcéré, peut-être pour raisons politiques, un détenu réduit en esclavage, parmi des millions d'autres, a écrit cet appel au péril de sa vie pour l'adresser au reste du monde, petite bouteille dans l'océan des milliards de produits parapharmaceutiques, textiles ou alimentaires made in China vendus à bas prix sur le marché européen.
Depuis que les États-Unis, en pleine guerre économique avec Pékin, ont adopté en 2021 une législation contre l’importation de produits issus du travail forcé provenant de la province ouïghoure du Xinjiang, l’Union européenne est devenue le premier partenaire commercial de la Chine.
Ce message est le point de départ de cette exigeante investigation internationale dévoilant la réalité du système carcéral chinois : un vaste réseau de "prisons-entreprises" s’appuyant sur une justice aux ordres, qui fournit à la "manufacture du monde" une main-d’œuvre gratuite dépourvue de tout droit.
En Europe, aux États-Unis, en Chine même, l’enquête révèle ainsi la face cachée de la superpuissance asiatique et l’envers de notre consumérisme