Encore une histoire réelle qui dépasse la fiction !
Gérard Lhéritier, fils de plombier de Lorraine, après avoir fait faillite dans le commerce de diamants, a une idée.
Il crée une société, Aristophil, qui à partir de 2003, achète des vieux manuscrits et embauche une équipe de commerciaux qui vont écumer la province pour proposer l’achat de ces manuscrits en indivision avec un engagement de rachat assorti d’un intérêt de 40% au bout de 5 ans, le tout défiscalisé et n'entrant pas dans le calcul de l'ISF.
Les manuscrits sont notamment achetés à Jean-Claude Vrain, un libraire parisien connu pour être le plus grand vendeur d'autographes de France. Vrain achète des manuscrits et les revend, accompagnés de la caution de son expertise, avec une marge énorme (1) à Aristophil qui les revend avec une marge encore plus énorme en indivision à ses clients (2).
Pour asseoir sa respectabilité, Lheritier achète un hôtel particulier de 34 millions d’euros à plein Saint-Germain-des-Prés, il ouvre le musée des Lettres et Manuscrits, il crée une récompense au nom ronflant, le "Grand prix de l'Institut des Lettres et Manuscrits" qui récompensera entre autres, Hélène Carrère d'Encausse et Valéry Giscard d'Estaing, il cotoie, moyennant cadeaux, des personnalités respectables : Patrick Poivre d’Arvor, Frédéric Taddeï, Didier Van Cauwelaert, … Il commande même à deux journalistes du Figaro une pièce de théâtre le mettant en scène sur fond d'Académie française.
Mais son empire de vieux papiers n'est qu'un château de cartes. Les premiers clients qui le demandaient ont été payés avec les apports des nouveaux. Mais de plus en plus d’épargnants demandent à récupérer leur dû et la banqueroute se dessine.
Alors, il achète des tickets d'EuroMillions pour 7022 euros. Il joue les chiffres de sa date de naissance. Le soir, il consulte les résultats du tirage sur Internet. Et… il a gagné 170 371 698 euros !
La grande vie repart de plus belle...
Mais les rumeurs se développent et des articles de presse commencent à révéler l'envers du décor.
Un haut dirigeant chargé de la lutte contre le blanchiment à la Société générale s'inquiète de ce client très particulier : "Ce dossier pourrait se révéler, dans quelque temps, un petit Madoff..."
Le 18 novembre 2014 la police judiciaire perquisitionne les locaux d'Aristophil et la villa niçoise de Gérard Lhéritier. La société est mise en liquidation. L'hôtel particulier à Paris est saisi. Gérard Lhéritier, sa fille, Jean-Claude Vrain et quelques autres comparses sont mis en examen pour escroquerie en bande organisée. On évalue le préjudice des 18 000 épargnants à près de 1 milliard d'euros.
Quand on le compare à Madoff, il répond : “Madoff a trompé son monde en vendant des actions qu'il n'avait jamais achetées. Moi j'ai toujours vendu ce que j'avais d'abord acquis. Vous voyez la différence ?"
(1) Exemple : un lot de 43 autographes concernant Victor Hugo achété 160 000 euros et revendu à Lhéritier pour plus de 1 million d'euros
(2) Exemple : Le fameux manuscrit Einstein, acheté personnellement par Lhéritier 559 000 euros, cédé pour 3,5 millions à Aristophil puis revendu 12 millions par Aristophil à ses épargnants.