Benoist, je voulais te répondre quand même parce que tu as pris du temps et de l'énergie pour déployer tes arguments et tes exemples qui font sens, même si j'ai conscience que ce n'est plus en lien avec le sujet initial.
Honnêtement je n'ai pas assez de connaissances historique de nous et des autres peuples pour avoir la capacité comme toi, de dégager les caractéristiques du "caractère" ou de l"âme" française.
Tu sembles dire qu'il aurait un côté particulièrement agressif, encore une fois je ne peux pas répondre sur ce point.
La seule chose qui m'a interpellée dans ce que tu as dit, c'est que avant tu vivais dans un monde gentil, poli et réduit et que maintenant, chaque année tu es confronté virtuellement à des millions de personne.
Je pense que ce point est important. Je pense que nous n'avons pas encore le recul nécessaire (ou que les études sociologiques ne sont pas assez popularisées) pour nous rendre compte de l'impact que l'ère internet a eu sur notre vision des autres, de nous, de notre façon de vivre, de connaître d'apprendre, d'aimer. Je pense que c'est inouï et que rien ne sera plus comme avant.
Je vais prendre un fait tout bête; là où avant nous n'avions accès à une conversation un dialogue, que parce que nous appartenions nous même à la situation, à la scène, aujourd'hui nous avons un regard plus omniscient sur les interactions du monde entier, nous pouvons voir à travers les vidéos, les forums, les réseaux sociaux, le comportements, les idées, la façon de s'exprimer d'une infinité de personne. Pour la première fois l'homme peut s’analyser comme il pouvait le faire auparavant des animaux seulement. Il y a possibilité de ne plus se voir comme des individus à part entière mais comme des groupes sociaux, ou pour être un petit peu provocante comme des troupeaux, comme une fourmilière.
Le pire c'est que le spectateur aura du mal à se sentir extérieur à tout cela, et à ne pas s'inclure dans cette nouvelle vision de l'homme qui lui est imposé.
Il perd peut être une part de sa capacité à se sentir unique, irremplaçable, lui-même.
Mais encore, s'il pouvait avoir de l'estime pour cette masse auquel il appartient ..
Le problème c'est qu'on pourrait très bien accepter de n'être qu'une partie d'un tout si nous aimions ce tout.
Or je pense précisément que l'Internet est propice à nous rendre plus agressifs et déprimés dans nos échanges.
Par exemple même moi qui suis en général perçue comme une femme plutôt calme, et qui essaie de se contrôler même sur internet, et bien je suis persuadée que je fais des choses que je ne me permettrais pas dans la vraie vie.
Par exemple quand, dans la vraie vie, j’interagis avec quelqu'un qui sur un sujet a
tendance à se répéter, ou ne pas être très profond, faire des erreurs de logique, je peux essayer subtilement de recentrer la conversation pour finalement accepter avec un sourire et politesse que le débat ou le discussion ne sera pas parfaitement efficiente.
En revanche sur internet, j'aurais moins
tendance à ne pas montrer à quelqu'un qu'il se trompe. Et ça change beaucoup l'ambiance de l’interaction (je ne dis pas qu'il n'y a rien de positif à tirer de ça), maintenant imagine ce que ça donne pour ceux qui n'essaient pas particulièrement de se contrôler (plus d'ironie, plus de piques, plus de sarcasmes, et parfois plus d'insultes), sans oublier ce qui pour moi représente une part (mais pas forcément très importante) de ceux qui même dans la vraie vie voudrait cracher leur haine mais n'osent pas.
Honnêtement dans les moments où je suis restée chez moi plus que d'habitude et que je suis plus exposée à internet que d'habitude je ressens vraiment que mon état psychique se détériore un petit peu, que mon optimisme se déprécie.
Une autre raison pour laquelle nous aurions une mésestime de cette masse; c'est que pour moi la beauté se trouve dans les symboles. Internet est perçue par la plupart des gens comme pratique et source d'opportunités mais aussi quelque chose qui est "facile" et qui le rend "passif".
Être sur internet n'est pas à ses yeux quelque chose de "beau", de "noble", de "courageux".
Autant d’éléments qui fait qu'il n'a plus d'estime pour cette masse.
Je pense pas qu'internet soit une mauvaise chose en soi, au contraire, mais je pense qu'il faut avoir beaucoup de recul et que face à cette nouvelle donne, l'homme est obligé de se repenser lui-même et le monde.
Je dirais que les gens les plus sensibles à ces changements, sont ceux qui ne sont pas assez jeunes pour avoir été baignés dans cette réalité depuis toujours et pas assez âgés pour y être étranger
Pour ce qui est du fait que notre "pouvoir d'achat" aurait considérablement augmenté je sais pas si je suis d'accord. Oui le prix de certains bien auparavant inaccessibles a considérablement baissé, donc nos achats ont augmenté, mais je pense que la part de nos consommations imposées a aussi considérablement augmenté.
Un philosophe sur France culture disait, que les choix que fait une société impacte la liberté des autres. Par exemple le travail le dimanche n'est pas juste une liberté, il impacte la structure de la société et à fortiori la libertés des autres.
Ainsi certaines consommations comme avoir un ordinateur, un portable, un forfait, une facture d'électricité plus importante est quelque chose à laquelle nous pouvons difficilement échapper sous peine d'être pénalisé socialement mais aussi administrativement, et professionnellement.
Je n'appellerait pas augmentation du pouvoir d'achat, mais augmentation du devoir d'achat