J’espère que vous avez passé un bon réveillon.
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C’est donc la rentrée pour les traders cette semaine. Après cette fin d’année où les volumes et la volatilité ont manqué, nous allons enfin savoir si le Dow Jones va continuer de buter sur les 20 000 points et consolider, ou s’il va dépasser cet obstacle psychologique et poursuivre la belle hausse initiée après l’élection de Trump. Toutefois, cette semaine de rentrée ne commencera réellement que demain, beaucoup de bourses étant fermées ce lundi, notamment celles de New York et de Londres.
Agenda économique du jour :
9 h 50 : Indice PMI manufacturier français (décembre)
9 h 55 : indice PMI manufacturier allemand (décembre)
10 h 00 : indice PMI manufacturier de la zone euro (décembre)
Pour cette semaine d’ouverture de files, comme je suis dans le droit, j’ai eu l’idée, pour vous divertir, de vous narrer chaque jour une petite histoire, en rapport avec le monde du trading, qui a donné lieu à un procès.
Procès du jour : une erreur de saisie qui coûte cher…
C’est l’histoire d’un petit épargnant qui est titulaire, chez un courtier en ligne français bien connu, d’un compte titres de 43 914,84 euros et qui va commettre une erreur de saisie en passant un ordre.
Le 8 janvier 2007, avant l’ouverture des marchés, il décide de passer un ordre d’achat S.R.D. de 231 actions GDF au prix de 34,06 euros, mais, dans la précipitation, le voilà qui entre le prix à la suite de la quantité dans la fenêtre quantité de son ticket d’ordre. La fenêtre prix étant paramétrée sur le prix du marché, il se trouve donc à passer un ordre d’achat S.R.D. de… 2 313 406 actions GDF au prix du marché !
Figurez-vous que le courtier en ligne, à cause d’un dysfonctionnement de son système informatique, produit sur le marché cet ordre. Tous les prestataires de services d’investissement de la planète, voyant cet ordre aberrant se placer en préouverture, devinent qu’il ne peut s’agir que d’une erreur, mais l’un d’eux, installé aux Pays-Bas, qui plaidera avec succès l’absence d’aberration manifeste, décide d’exploiter la situation et de se placer en face, donc de vendre à découvert le titre… à un cours limité placé à une hauteur judicieuse dans le carnet d’ordres.
Le marché est déstabilisé pendant la première heure de bourse, et la cotation du titre suspendue, mais l’ordre est finalement exécuté pour un montant total de… 88 122 385 euros !
Le client, qui se rend aussitôt compte de son erreur, écrit à son courtier pour lui notifier qu'il rejette cette transaction. Face à la défaillance de son client, le courtier liquide sa position, qui se solde par une moins-value de 6 482 319 euros.
L’affaire est bien sûr portée en justice, le courtier français cherchant à faire annuler l’ordre.
Mais le tribunal de commerce de Paris, puis la cour d'appel de Paris et, enfin, la Cour de cassation (arrêt du 13 décembre 2011), estiment qu’il a commis une double faute justifiant que l'ordre ainsi passé soit déclaré inopposable à son client et que le compte de ce dernier soit remis dans l'état où il se trouvait avant l’opération : il n’a pas respecté les règles relatives à l'obligation de couverture (article 516-2, alinéa 2, du Règlement général de l’A.M.F.) et il a failli dans son obligation de disposer d'un système automatisé de vérification du compte devant assurer le blocage de l'ordre en cas d'insuffisance de provision et de couverture (article 321-62 du Règlement général de l’AMF).
Le courtier français a donc dû supporter la perte de 6 482 319 euros…