Vous verrez, l'analogie avec le trading est stupéfiante.
Avant toute chose, je vous signale que ce Futures dantesque !
Température autour de 0° tout au long de la course et presque 6h sous la neige.
De la boue tout au long du parcours, parfois au dessus des chevilles, pieds trempés et gelés moins d'un quart d'heure après le départ !
Cela dit, on s'est entraîné tout l'hiver dans ces conditions, mais quand même...12h comme ça, dur dur !
Pour ce trade (course), j'avais le bon setup, la bonne forme, la bonne entrée....
mais la gestion calamiteuse d'un trade qui aurait du sortir en TP+++ et qui
c'est terminé dans le rouge !
Le setup: préparation rigoureuse, 3 sorties/semaine + 2 séances muscu.
Travail du cardio, fractionnés course/marche.
Backtest 2 fois par mois.....du vert, du vert, du vert.
La forme: On ne trade pas si on est fatigué, idem pour la course, on ne part pas
pour 80 bornes si on ne tient pas debout !
Là, nickel-chrome, bien reposé, alimentation gérée comme il se doit,
fruits,légumes, zéro alcool depuis 3 semaines, hydratation +++.
La bonne entée: Préparation du trade (course) au top, respect de tous les paramètres.
Tout est au vert, samedi 17 mars...12h15, ouverture de position pour un day
trading d'une douzaine d'heures.
Gestion du trade (course): 15h15, premier ravito, 22km, tout va bien, malgré les conditions,
en avance sur nos prévisions (spread remboursé).
Petit coup de moins bien au 29ème km, rien d'alarmant, il y a
toujours des hauts et des bas sur de telles distances.
Je laisse filer ma chérie. Nous avions prévue d'aller ensemble au
premier ravito et après, chacun à son rythme. Quinze minutes plus
tard, je reprends une bonne allure, tout va bien.
La confiance, suis bien, peut rien m'arriver ! Je trottine à coté d'un
gars, on cause, bingo ! on a travaillé (protection rapprochée) avec
les mêmes personnes ! Le truc de fou ! Après une demi-heure, il me
dit qu'il en a plein le c.l, qu'il arrête au prochain ravito. Je regarde ma
montre GPS, où j'ai tous mes paramètres de course...aie aie aie, j'ai
pris du retard et mes rapproche dangereusement des barrières
horaires. J'accélère, tout va bien, pas de fatigue, pas de douleurs, les
conditions météo, toujours aussi calamiteuses, mais bon, je gère.
Je grignote régulièrement, je m'hydrate de même et arrive au ravito
dans les temps, mais sans plus.
Et là, ô mes frères le k.o.n.n.e.r.i.e.s vont commencer ! Je
discutaille avec des guignols qui pestent contre les conditions météo,
je vais pour repartir, je m'aperçois que je n'ai pas refaits ma provision
de flotte. J'ai les doigts gelés, je m’énerve, je perds du temps, le ravito
est sur un plateau en plein vent, je repars frigorifié !
Il fait nuit noire, il neige, la lampe de ma frontale transforme les
flocons en autant de point lumineux et.....je me paume ! Là, on se
sent seul.......ces moments là sont terribles et merveilleux !
Terrible, parce qu'on se dit c'est Fichu et merveilleux parce qu'au fond
des tripes, tu sens, tout à coup, une énergie qui te pousse à te bouger
et là, c'est la bagarre ! Je cavale comme un lapin, des jambes de feu,
la confiance revient.....trop vite !
Je fais le point temps/km, je suis ras les miches, mais la forme et le
moral sont top, donc no souci. Je suis au 45ème km, prochain ravito
57ème km, coool, plus que 10 bornes ! Hé oui mon p'tit gars ! sauf
que 57 moins 45, ça fait 12 et pas 10 !!! Et me voila parti, l'allure
calée comme si je n'avais que 10 km à faire .
Au ravito suivant, je suis hors délais et stoppé ! Je suis atterré, je ne
comprends pas ce qui se passe. Dans le bus qui rapatrie, à l'arrivée,
les amis comme moi, j'essaye de comprendre. Je regarde, sur ma
montre, mes paramètres, je regarde le road-book de la course et...tilt! !
J'ai compris mon erreur, je me maudit. Voila comment des erreurs de
débutant et d'inattention vous font toucher votre stop loss.
Conclusion: J'ai eu le temps de prendre une douche, de me réchauffer et je suis aller à la rencontre de ma chérie avec laquelle j'ai fait le dernier km main dans la main avant de la laisser monter, seule, privilège des finisher, au premier étage de la Tour Eiffel pour recevoir sa médaille.
Bilan: Heureux que ma chérie soit allée au bout et heureux aussi de voir qu'après avoir fait près de 60km dans des conditions dantesques, je suis en pleine forme.
Zéro douleurs, zéro courbatures et ça, c'est une grande satisfaction. Le setup était donc bon.
Suffit, maintenant, de gérer intelligemment !
Prochain rendez-vous, l'Ultra Trail du Morbihan, 177km......
Merci à tous ceux qui nous ont soutenu et marqué leur sympathie et surtout à l'ami Air One, ami ô combien précieux et qui dans le froid glacial de Paris était là à une heure du matin à l'arrivée.