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L’immunité au Covid-19 durerait finalement beaucoup plus longtemps qu’on ne le pensait
Par Julie-Solveig SAINT-GERMES
Parallèlement aux campagnes de vaccination contre le Covid-19 lancées dans le monde entier, les recherches sur l’immunité ne faiblissent pas et sont porteuses d’espoir. Des scientifiques australiens viennent de découvrir que des patients infectés par le coronavirus pouvaient rester immunisés durant de longs mois.
Alors que les campagnes de vaccination démarrent en France et dans le monde entier, les scientifiques continuent, eux, à plancher sur la question de l’immunité individuelle, au cœur de la crise sanitaire du Covid-19 et de la stratégie vaccinale.
Combien de temps une personne est-elle immunisée contre la maladie après avoir été infectée ? Quelques semaines, deux mois, trois mois ? Jusqu’ici, les rares études à ce sujet faisaient état pour la plupart d’entre elles d’une immunité toute relative, les anticorps semblant diminuer très rapidement après une infection.
Mais une récente étude australienne, publiée le 22 décembre 2020, apporte de l’espoir, suggérant une immunité bien plus longue que prévu.
Capables de « redéclencher » une production d’anticorps
Des chercheurs de l’université de Monash, de l’hôpital Alfred et de l’institut Burnet, près de Melbourne, viennent tout juste de démontrer, dans la revue Science Immunology que
l’organisme parvenait à garder la mémoire d’une contamination au Covid-19, même huit mois après la date de l’infection.
Mieux encore, certains lymphocytes (les lymphocytes B) seraient capables de « redéclencher » une production d’anticorps en cas de réexposition au virus.
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs australiens ont étudié 36 échantillons prélevés auprès de 25 patients atteints du Covid-19. Ces derniers ont été classés selon trois niveaux : six étaient atteints d’une forme grave de la maladie nécessitant une assistance respiratoire ; trois avaient une forme « modérée » nécessitant une hospitalisation ; les seize autres avaient tous une forme bénigne.
Les échantillons, prélevés chez ces patients les 4e et 242e jours après l’apparition des symptômes, ont par la suite été comparés aux échantillons de 36 patients sains, au sein desquels a été ensuite inséré le virus afin de s’assurer avec certitude de la réponse (ou non) de l’organisme à une infection au Covid-19.
« Cela donne un réel espoir »
Résultat : dans chacun des échantillons, des anticorps contre le Covid-19 ont bel et bien été produits. En revanche, comme dans le cadre de précédentes études, les chercheurs ont également observé une diminution du nombre de ces anticorps au bout du 20e jour.
Pour autant, cela ne signifie pas que « nous ne sommes plus protégés », concluent les chercheurs dans leur étude. Car pour la première fois, c
es derniers ont pu observer la présence, pendant au moins huit mois après l’infection, de lymphocytes B, des lymphocytes qui sécrètent des anticorps et qui par conséquent possèdent une fonction de « mémoire » des virus.
« Ces résultats sont importants, car ils montrent, définitivement, que les patients infectés par le virus du Covid-19 conservent en fait une immunité contre le virus et la maladie », a déclaré le professeur Menno van Zelm, du département d’immunologie et de pathologie de l’Université Monash, responsable de l’étude.
« Cela donne un réel espoir qu’une fois qu’un ou des vaccins sont administrés, ils fourniront une protection à long terme », a-t-il ajouté.
Peu de cas de réinfection
Les chercheurs ont notamment réussi à montrer que les lymphocytes B parvenaient à reconnaître un des deux composants du virus Sars-CoV-2, permettant au virus de pénétrer dans des cellules hôte pour les infecter « les protéines de pointe et de nucléocapside ».
Une fois ce composant reconnu, le lymphocyte B s’est alors révélé capable de déclencher une réponse immunitaire en « commandant » la production de nouveaux anticorps.
Des résultats qui vont dans le sens du faible nombre de cas de réinfection recensés depuis le début de l’épidémie. Car si quelques cas ont bel et bien été confirmés ici et là, ils ne représentent qu’une très faible proportion par rapport au plus de 86,39 millions de cas d’infection diagnostiqués depuis le début de l’épidémie.
En outre, selon nos confrères de Franceinfo qui s’appuient sur une étude menée par des chercheurs américains du Jolla Institute for Immunology, « même en cas de réinfection, une telle mémoire immunitaire permettrait de ne pas développer de forme grave de la maladie pendant des années ».
Des résultats corroborés par une autre étude
Il y a près de trois mois, une autre étude, américaine cette fois, relayée par le New York Times , a également suggéré que les personnes contaminées au Covid-19 « développaient des cellules immunitaires résistant plusieurs mois dans le corps ».
Après avoir étudié des échantillons de sang de 185 personnes, âgées de 19 à 81 ans, n’ayant eu que de faibles symptômes du Covid-19, les chercheurs de l’Université de Californie ont ainsi découvert que les anticorps pouvaient persister de 6 à 8 mois dans le corps : la quantité de lymphocytes T, qui détruisent directement les cellules contaminées, ne diminuait que très légèrement, et celle des lymphocytes B augmentait pendant toute cette période.
« Une telle immunité permettrait probablement d’éviter à la grande majorité des gens d’être hospitalisés, de contracter une maladie grave pendant de nombreuses années », a ainsi conclu Shane Crotty, virologue du Jolla Institute for Immunology et co-autrice de cette étude américaine.