Je vous emmène aujourd’hui sur le circuit de Dijon Prenois en Bourgogne, nous sommes le 01 juillet 1979 et nous allons assister à la première victoire d’un moteur turbo en Formule 1.
En effet Jean-Pierre Jabouille a remporté son premier Grand Prix et renault a enfin réussi son pari fou : gagner avec une voiture à moteur turbo compressé.
On conviendra qu'il y a de quoi faire sauter les bouchons de champagne et savourer sans retenue ce moment, quand on se rappelle que les équipes britanniques et en particulier le regretté Ken Tyrrel, avait surnommé la première renault turbo RS01 du nom de Yellow Tea pot (théière jaune) à cause de ses nombreux soucis de moteur et de la fumée blanche qui s’en échappait.
Belle revanche sur nos amis britanniques sachant que quelques années plus tard toutes les formule 1 adopteront le moteur turbo compressé.
Duel au sommet
Mais le moment que l’on retiendra et dont on parle encore 40 ans plus tard, c’est la bagarre d’anthologie que se livreront pour la deuxième place René Arnoux et le fantastique Gilles Villeneuve.
En effet parler de la formule 1 sans faire référence au Petit Prince de la discipline serait de ma part une faute plus qu’un oubli.
Au départ de la course les deux renault se font surprendre par l'incroyable Gilles Villeneuve qui propulse sa Ferrari en tête et entend bien y rester.
Malheureusement pour le québécois sa monture n'est pas de taille à lutter ce jour-là avec la puissance du V6 renault, que Jabouille s'applique à ménager ainsi que ses pneus, avant de porter tranquillement l'estocade à mi-course. Alors qu'il voit disparaître petit à petit la monoplace de Jabouille, Gilles Villeneuve sent la seconde renault venir lui renifler l'arrière-train. R est bien décidé à prendre lui aussi sa chance et l'apothéose va arriver à 3 tours de l'arrivée
René Arnoux dépasse facilement Gilles en bout de ligne droite mais au lieu de de s'envoler, il marque le pas car le réservoir de la renault commence à désamorcer, il n'en fallait pas tant à Gilles Villeneuve pour revenir à la hauteur de son rival et le passer au prix d'un freinage plus que tardif dans l'avant dernier tour.
Le public dont je faisais partie se dresse pour assister à l'incroyable mano à mano, Arnoux à remonter Villeneuve dans la ligne droite des stands et les deux hommes attaquent la grande courbe de Villeroy roues dans roues, les voitures s'entrechoquent, aucun des deux ne veut céder. C'est une véritable bagarre de chiffonniers à laquelle assistent les spectateurs extasiés.
René réussi à passer devant mais Gilles reprend son bien in extremis avant le dernier virage et c'est dans cet ordre qu'ils franchissent la ligne d'arrivée sous les hourras du public.
Sitôt descendus de voiture les deux hommes se congratulent chaleureusement et sans rancune, le combat avait été rude mais loyal et tout se terminait dans la bonne humeur.
Cette fabuleuse passe d'armes entre ces deux pilotes ultra déterminés restera un des hauts faits de la formule 1.
Quand on demandera à l'intrépide Québécois si tout cela n'avait pas été trop dangereux, il laissera tomber avec sa candeur habituelle et son accent de la belle province : non c'était une course épatante, mais c'est vrai qu'on aurait pu se mettre les autos sur la tête, tout le personnage était ainsi résumé attaque à outrance et sourire désarmant.
La légende d'un très grand pilote était en train de naître, Gilles Villeneuve va avoir encore l'occasion de déchaîner les passions admiratives et de ravir le spectateur du monde entier par son côté jusqu'au-boutiste.
L'épisode le plus fameux illustrant ce genre de comportement eut lieu à Zandvoort aux Pays Bas.
En tête le canadien se défend bec et ongles contre les assauts de Alan Jones mais son pneu arrière droit et en train de se dégonfler et Jones le passe quand la Ferrari tire tout droit dans le gazon.
Gilles enclenche la première et se rue en piste, pas décidé à s'arrêter car il ignorait la raison de sa sortie, un tour et demi plus loin son pneu éclate dans la ligne droite des stands à plus de 280 kilomètres heure.
Il réussit à maîtriser sa voiture folle et entreprend de boucler le tour sur 3 roues pour rentrer chausser des gommes neuves.
08 mai 1982 : la F1 perd un de ses plus fiers chevaliers.
Durant les essais qualificatifs du Grand Prix de Belgique à Zolder, Villeneuve percute la March de Jochen Mass. Le "Petit Prince" est éjecté de sa monoplace rouge et perd la vie.
Plus que ses victoires, ce sont ses grandes qualités humaines et sa farouche détermination en piste qui ont ébloui les amateurs du monde entier. Pilote ultra spectaculaire qui ne baisser pas les bras malgré les ennuis mécaniques et le mauvais sort, Gilles Villeneuve est entré dans la légende de la F1 par la grande porte.
Son fils Jacques Villeneuve qui avait neuf ans le jour de la mort de son père, sera sacré champion du monde en 1997.
A ne surtout pas manquer :
Demain pour le dernier jour je vous révélerai quel est le plus grand champion de tous les temps : Ascari, Fangio, Clark, Moss, Hill, Rindt, Stewart, Andretti, Scheckter, Fittipaldi, Lauda, Hunt, Villeneuve, Prost, Senna, Schumacher, Hamilton, Verstappen, ou bien un autre …….
Réponse demain