Avant de parler de l’euro, il est bon de se souvenir que l’Europe a vécu deux guerres mondiales, et même trois guerres, si l’on se réfère au conflit ayant opposé la France et l’Allemagne avant le début du XXe siècle.
A partir de là, un Jean Monnet décidera, avec Robert Schuman, de créer, en Europe, dès les années 1950, une entité supranationale capable d’empêcher de nouvelles guerres.
Et ces deux Messieurs vont décider, avec les responsables du Benelux et de l’Italie, de créer le Marché commun qui regroupera six pays, lesquels ouvriront leurs frontières et miseront sur l’exploitation accrue du charbon et de l’acier dans un espace progressivement libéré de toute entrave aux échanges, l’
obligation étant faite, aux pays membres de la CECA (laquelle deviendra, plus tard, la CEE), de verser un impôt à la caisse commune afin, entre autres, de soutenir les chômeurs nés de la restructuration de l’appareil productif après le temps de guerre.
Toujours est-il que cette communauté-là va connaître une prospérité sans précédent.
Et durant ce temps-là (i.e. les fameuses Trente Glorieuses) d’autres pays entreront dans la communauté, laquelle passera, avec les années, de 6 à 12 douze membres, jusqu’à réunir 27 pays, Grèce comprise, comme c’est le cas aujourd’hui.
Et durant ce chemin, les pays abandonneront, progressivement, leur monnaie nationale, au profit d’une monnaie commune qui sera utilisée comme monnaie de compte dans les relations économiques entre les pays membres, puis de cette monnaie unique qu’est l’euro.
Et pour adhérer à cet euro, les pays membres devront respecter les clauses imposées par les Traités européens, à savoir que les Etats membres, et de l’UE, et de l’euro, devront limiter leur déficit budgétaire (annuité sur l’emprunt, comprise) à 3% du
pib, et la dette totale, de l’État, à 60% du
pib.
Ceci dit, les Trente Glorieuses ne furent une exception, pour les pays de l’Ouest européen, que si l’on tient compte de la Guerre Froide, puis de sa fin.
Et le fait est qu’avec l’effondrement du communisme à l’Est, les pays de l’Est vont faire concurrence aux anciens pays capitalistes (songeons à la Chine aujourd’hui même), sur le terrain même du
Capitalisme.
Or il est bien évident que euro ou pas euro, les pays de l’ouest européen seront de plus en plus concurrencés, avec le temps, par des pays comme l’Inde ou la Chine, et, aujourd’hui même, par l’ensemble des pays du BRIC.
Pour autant, si l’Europe actuelle connaît de gros problèmes, actuellement, c’est parce qu’elle fonctionne à deux vitesses, avec, d’un côté, des pays qui dominent, comme l’Allemagne, et avec, de l’autre, des pays qui ne dominent rien, comme la Grèce.
Mais là également, il faut aller au-delà des idéologies opposant, sur le terrain économique comme sur celui de la politique, les libéraux aux socialistes, en constatant que la structure même des économies nationales est fort différente, d’un pays à l’autre, en Europe, et que le modèle que l’Allemagne impose, de nos jours, aux autres membres de l’UE, s’il est bon pour elle, n’est pas forcément bon pour les autres.
Quant à savoir si la Grèce doit rester dans l’euro ou en sortir (et la France aussi par la même occasion), il faut, là également, étudier les points forts et les points faibles des pays concernés, sur le plan économique.
Toujours est-il que ce n'est point tant l’euro, en soi, qui est ici le déterminant, que la politique économique actuellement appliquée par les Etats membres de l’euro, tant sur le plan monétaire que sur le plan de la
Politique fiscale.
Or là également les différences sont telles, d’un pays à l’autre, que l’adhésion à l’euro, si elle Futures un bien, pour les pays membres, avant les années 2000, s’est transformée en son contraire, durant la crise mondiale des années 2009-2014.